Management
Dois-je accepter cette promotion de manager ?
Il y a encore 20 ans, réussir professionnellement rimait avec management et progresser dans l’entreprise impliquait d’avoir de plus en plus de personnes sous sa responsabilité. Aujourd’hui, face au DRH des salariés refusent de devenir manager.
Identifier ses motivations profondes
Une promotion à un poste de management se traduit généralement par une évolution du niveau de rémunération. Heureusement, ce n’est pas la principale motivation pour accepter ce type de fonctions. Il existe différentes raisons qui motivent à devenir manager : le sentiment de progresser dans la pyramide de l’entreprise et ainsi avoir plus d’autonomie, des responsabilités élargies, notamment décisionnelles avec un certain niveau de délégation, de gestion d’équipe. Pour autant, en fonction de la taille de l’entreprise et aussi de sa culture, devenir manager ne garantit pas d’avoir toutes les marges de manœuvre. Certains managers se plaignent de leur rôle de simple exécutant d’une stratégie à laquelle ils ne prennent pas suffisamment part à leur goût. Tous les cas de figure existent et force est de constater que le titre de manager ouvre des droits mais surtout des devoirs. Ainsi les nouveaux managers peuvent suivre des formations « droits et devoirs du manager », par exemple, pour dès le début comprendre leurs nouvelles responsabilités, d’autres découvriront les choses au gré des situations.
Traditionnellement on a longtemps proposé au meilleur expert de l’équipe de devenir son manager. Aujourd’hui la vision du management a profondément évolué et la compétence à manager permet de proposer de piloter des équipes sans avoir la parfaite maîtrise métier. Se pose alors pour certains (futurs) managers la question de leur légitimité. D’autres ont complètement intégré que leur valeur ajoutée est ailleurs que dans l’expertise technique. Il s’agit de structurer et piloter, donner du sens et inspirer, motiver pour donner à chacun l’envie de se surpasser, accompagner et faire grandir, arbitrer les sujets aux interfaces, etc.
À noter
Manager c’est avant tout réussir à inspirer toute la pression et à expirer de la motivation. Manager c’est avoir une influence sur les autres. C’est faire faire plutôt que faire soi-même.
Si je suis un super expert d’un sujet, suis-je fait pour manager des équipes ? Probablement pas, car mon plaisir est très lié à ce que je fais et non à ce que je fais faire, ou pourrais faire faire aux autres. Les DRH ont bien compris cette réalité et ils travaillent sur des parcours d’expertise qui permettent de grandir en faisant autre chose que manager, depuis plusieurs années. Et puis, d’autres portes s’ouvrent en matière de gestion de projet ou encore de management transversal qui suppose un autre type d’influence encore plus subtile que le management hiérarchique. Pour autant, l’autorité hiérarchique qui consiste à faire exécuter du fait de son statut de manager est remise en cause par les nouvelles générations qui aspirent à comprendre le sens de ce à quoi elles contribuent. Des jeunes ont tendance à se désengager de l’entreprise, à être plus attentifs à leur équilibre vie professionnelle / vie personnelle, à challenger demandes et projets, à ne pas se projeter. Cela peut décourager à manager. Toute la question est d'embarquer dans ce nouveau contexte, avec en parallèle la pression du résultat qui semble toujours plus importante.
Devenir manager : des compétences, une vocation
Manager suppose avant tout une aptitude à gérer l’humain, ce qui décourage certains qui ne pensaient pas devoir autant « faire du social » comme ils disent. En effet, manager suppose de traiter des sujets que certains nommeront « RH », d’autres « humains » : valider des congés, encourager des souhaits d’évolution, aider à dépasser les difficultés à prendre de la hauteur ou à atteindre ses objectifs, accompagner, gérer des tensions voire des conflits, restaurer une bonne ambiance de travail, recadrer des comportements inappropriés, faire changer en adressant toute forme de résistance au changement ou d’émotions négatives (ex. : peur de ne pas réussir à dépasser), assurer les traditionnels entretiens annuels et du feedback en continu…
Si l’idée d’avoir des journées remplies de ces sujets vous angoisse, vous n’êtes peut-être pas prêt à devenir manager. Pour commencer, certains choisiront peut-être de trouver un job combinant opérationnel et management.
Plus globalement progresser en management, c’est être capable de transformer la performance d’une équipe (quelle qu’elle soit) pour en tirer le meilleur. C’est aussi être capable de transformer les manières de faire pour atteindre les enjeux stratégiques, traduisant la stratégie en action en la rendant opérationnelle. Ainsi, manager suppose une bonne dose de leadership et une posture de manager coach en plus de la posture boss qui cadre, organise et structure.
Les managers qui adorent leur métier partagent souvent leur fierté d’avoir boosté l’énergie au sein de leur équipe avec un avant et un après. Certains sont soulagés de pouvoir partir sereins après avoir redressé une situation en quelques mois ou le temps de leur poste (2, 3 ans). Ils ont mis en place des process indispensables, ont structuré l’activité, mis les bonnes personnes au bon endroit. Parfois, ils se réjouissent d’avoir accompagné telle collaboratrice qui a pris confiance en elle et qui a postulé à un job d’un niveau supérieur, tel collaborateur qui a grandi dans sa fonction ou tel autre, plutôt timide et introverti, qui a su sortir de sa zone de confort pour oser prendre des initiatives et proposer des améliorations à l’équipe.
Oui, manager est une vocation. Tout le monde n’en a pas forcément envie et n’est pas forcément fait pour cela. Beaucoup de jeunes managers (ou moins jeunes) souffrent du syndrome de l’imposteur. Ils doutent de leur capacité à réussir même s’ils aiment ce qu’ils font. En effet, exercer des fonctions managériales suppose beaucoup de finesse, d’analyse, de capacité à se remettre en cause lorsque cela ne fonctionne pas comme on voudrait. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les premiers postes de management sont (dans les entreprises qui se donnent les moyens) accompagnés d’un parcours de formation et/ou d’un coaching de prise de fonction.
À noter
Le management c’est comme le développement personnel, jamais totalement abouti, on peut toujours apprendre sur soi et le fonctionnement des autres. On peut toujours être surpris par certaines réactions ou certains blocages et avoir l’impression de ne pas y arriver. Puis à force de patience et d’essais/erreurs, on finit par trouver le moyen d’obtenir un résultat différent ou si la situation s’aggrave malgré un accompagnement soutenu, on pourra renoncer et envisager un accompagnement RH à la mobilité (interne ou externe).
À RÉFLÉCHIR. Vous projetez-vous quand vous lisez cet article ou bien avez-vous juste envie de prendre vos jambes à votre cou ? Qu’est-ce qui vous motiverait à accepter cette promotion ? Quels sont vos atouts pour réussir comme manager ? Sur quoi devrez-vous travailler : votre impatience, votre pédagogie, votre niveau d’exigence, votre leadership ? Seriez-vous plus heureux si vous étiez manager ?
Et si vous hésitez encore, comment décider ?
À ce stade, vous l’aurez compris, prendre la décision de devenir manager, c’est quitter l’expertise et passer de spécialiste à généraliste, c’est quitter le monde du rationnel et technique pour embrasser le monde du subjectif, de l’émotionnel et du relationnel. C’est rendre simple ce qui peut paraître complexe.
Avant de prendre votre décision, essayez de bien comprendre ce qui sera attendu de vous. N’oubliez jamais que le management assure la courroie de transmission. Il est indispensable d’être à l'aise avec les valeurs et la culture managériale impulsée par les dirigeants sous peine de ne pouvoir être un manager authentique (voir dans le RF Social 226, l'article « Rester un manager authentique tout en incarnant la fonction »). Il peut être également important de se sentir aligné avec son N +1 ou d’avoir identifié que l’on fera une bonne équipe avec son adjoint.
À FAIRE. Si vous êtes déjà dans l’entreprise, essayez de vous représenter le modèle du manager idéal : quelles sont les personnes qui sont mises en avant et / ou jouent un rôle de modèle ? Quel est le style managérial si je le décris en quelques mots ? Si vous êtes dans un processus de recrutement posez ces questions et demandez à rencontrer un manager apprécié dans l’entreprise pour qu’il vous raconte son quotidien et ses difficultés.
Le printemps et l’été sont les saisons idéales pour annoncer les promotions dans les entreprises. Commence alors un jeu de chaises musicales qui ouvre de nouvelles opportunités, c’est donc le moment de vous positionner et de vous projeter dans la prochaine étape de votre carrière. Rien de tel qu’une mise en situation pour développer de nouveaux comportements et de nouvelles compétences et aptitudes. Prendre un nouveau poste peut également être l’occasion pour vous de demander une formation ou un coaching et ainsi réussir votre prise de fonctions.